«Le cinéma africain s’est inscrit dans la restitution de notre mémoire collective» (Pr Maguèye Kassé)

Le cinéma africain s’est inscrit dès le départ dans la restitution de la mémoire collective des Africains, avec les films des pionniers comme Sembène Ousmane du Sénégal, Souley­mane Cissé du Mali ou encore Gaston Kaboré du Burkina Faso, a déclaré le critique de cinéma sénégalais, professeur Maguèye Kassé. «L’image est très parlante, elle est très forte. Elle se grave dans la mémoire collective et indique une direction de travail, de réflexion et permet à celui qui regarde le cinéma, le bond qui nous parle de nos réalités et des impasses que l’on trouve dans ces réalités», a-t-il expliqué.

Il intervenait à l’occasion d’un colloque axé autour du thème : «Le cinéma : mémoire et prospectives» et organisé lors de la 23ème édition du Festival international du cinéma africain de Khouribga (Ficak).

«Le 7e art n’est pas seulement quelque chose qui nous divertit, car nous avons besoin de distraction, de rire, de pleurer parfois, et le cinéma rend comp­te de tout cela», affirme-t-il.
Au-delà de la rencontre, il estime que le cinéma africain crée les conditions d’interrogation de la réalité, qu’elle soit positive ou négative. «Le cinéma africain s’est inscrit aussi dans la nécessité de former des nations nouvelles dans lesquelles nous serions les propres acteurs de notre développement, et le cinéma y participe de façon extraordinaire et beaucoup plus importante que les autres arts», a indiqué le professeur Kassé, par ailleurs spécialiste en civilisations germaniques.

Il invite les cinéastes africains à faire preuve de plus de responsabilité pour la préservation des mémoires. Le réalisateur burkinabè, Issiaka Compaoré, a lui insisté sur l’éducation à l’image en vue d’une appropriation de la mémoire, ainsi que sur la prise en charge du financement du cinéma africain par les Etats du continent. Il appelle ainsi à revisiter l’histoire de l’Afrique et à mettre en valeur ce patrimoine en le transmettant par des vecteurs comme le cinéma. «Avec le numérique, tout est possible, il faut savoir l’utiliser et prendre le contre-pied de ce l’on raconte comme élucubration sur notre image», suggère-t-il.

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