Manque de reconnaissance, de moyens ou de formation, toutes les difficultés rencontrées par les journalistes culturels ont été abordées à l’occasion d’une table ronde organisée par le Stereo Africa Festival.
«Le journalisme culturel est marginalisé au Sénégal.» C’est le constat que dressent Alioune Badara Mané, Secrétaire général de l’Association de la presse culturelle du Sénégal (Apcs), également chef du desk Culture à Seneweb, et Lamine Ba, rédacteur en chef au bureau Afrique de l’Ouest de la plateforme Music in Africa. Deux heures durant, les intervenants se sont attelés à faire un tour d’horizon du journalisme culturel sénégalais.
Pour Alioune Badara Mané, le nœud du problème réside dans le fait que les journalistes culturels peinent à se faire entendre au sein de leur rédaction. La priorité étant donnée à la politique, bien souvent, peu de moyens sont alloués à la rubrique culture. Sur cette question, Daba Sarr, directrice du festival Africa Fête, également présente, tient à souligner que les organisateurs d’évènements culturels pallient trop souvent la défaillance des rédactions sur le plan financier. «Maintenant, il faut intégrer un «pass presse» pour les journalistes. Aux conférences de presse, beaucoup viennent et, par la suite, il n’y a qu’un seul article ou deux. Beaucoup d’articles font simplement référence à l’Agence de presse sénégalaise. Des fois, c’est vraiment de l’amateurisme ou de la fainéantise», déclare la directrice d’Africa Fête, très critique vis-à-vis de la profession. Lamine Ba vient alors au secours de ses collègues : «Parfois, le journaliste est venu, il a écrit, mais il n’y a pas eu assez de place dans le journal. De ce fait, l’article qui saute, c’est l’article culturel.» En plus, il y a à peine quatre quotidiens sur une vingtaine qui disposent d’une page culture.
«Le journaliste sénégalais ne peut pas se payer le luxe de se spécialiser»
L’occasion d’aborder la seconde critique formulée à l’encontre du journalisme culturel, celle du défaut de qualité. Selon Lamine Ba, journaliste et critique musical, «le problème de la qualité, c’est un problème de spécialisation. Or, le journaliste sénégalais ne peut pas se payer le luxe de se spécialiser». Pour les invités, la solution résiderait dans la formation. «Un journaliste culturel doit avoir des connaissances», souligne le Secrétaire général de l’Apcs, qui considère que ses jeunes collègues devraient plus souvent pouvoir bénéficier de modules à l’Ecole nationale des arts ou à l’Institut supérieur des arts et de la culture.
Si les intervenants de la table ronde se sont largement attardés sur les problèmes, ils se sont également attachés à trouver des solutions. A l’issue du débat, promesse est faite par les organisateurs du Stereo Africa Festival d’y inclure, pour la prochaine édition, un concours de jeunes journalistes culturels, avec une formation spécialisée à la clé.